Les prémières poches de stockage de cauris découvertes à Mradewa, à Mwali Mdjini. Une quantité de 50 kg qui étaient généralement exportés vers l’Afrique de l’Est vers le VIIIème siècle. Pendant la même période historique, on a retrouvé egalement dans le site de Sima dans l’Ile d’Anjouan, à Malé au sud de Ngazidja et à Dembeni dans l’Ile de Mayotte, d’autres quantités importantes de cauris. (Photo illustrative de cauries)
Par ailleurs, il n’est pas totalement exclu que la pratique de la monnaie coquillage ait été utilisée bien qu’aucune preuve n’ait été apportée à ce jour. A propos des caches à cauris decouvertes ici et là dans l’Archipel, les avis interprettent differemment. Si Claude Allibert relativise et déclare qu’ « on ne sait ce pendant si l’usage qui en était fait était monétaire ou commercial » (2000, P.11), l’archéologue comorien Ali Mohamed Gou confirme quant à lui que l’usage qui en était fait fut bel et bien monétaire (Atelier sur l’orientation pédagogique du Musée de la Monnaie, 29 février 2020, BCC, Moroni). Le troisieme point de vue emane d’un financier en la personne de Abal Anrabe Abdou Chacourou. Celui-ci, qui partage d’ailleurs le point de vue de l’anthropologue Damir Ben Ali, affirme dans son ouvrage que « les comoriens, dans leur histoire, ne se sont jamais servis comme intermediaire des coraux et coquillages, comme monnaie primitive. L’archipel, entré en rélation d’affaires et d’exploration maritime avec les sémites depuis l’Antiquité au temps de Soulaimana Bin Daouda (970-931 avant Jesus Christ), a probablement utilisé une monnaie arabe en premier : sans doute Omeyyade notamment, des dinars d’or et dirhams d’argent, qui auraient été rapportés par les rescapés sunnites du califat de Damas, déchus en 750 sur les comptoirs arabes du canal de Mozambique » (Le Franc Comorien, l’Harmattan, Paris, 2003) ( Photo de dinar et dirham)
Les échanges commerciaux aux Comores ont été dominés par le troc. Celui-ci a couvert une période très vaste allant du VIIIè au XIXè siècle. L’économie de troc est basée sur l’échange direct de biens ou de services, sans que la monnaie entre en compte. Le troc est l’opération économique par laquelle chaque participant cède la propiété d’un bien et reçoit un autre bien. Ce principe d’échange vieux comme le monde a perduré aux Comores jusqu’au XIXè siècle avec l’avènement du protectorat français. Nous avons recensé pour le moment quatre catégories de troc aux Comores :
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La question de la monnaie aux Comores est liée à l’économie. Celle-ci est liée aux echanges. Et ce sont ces dernier qui ont fait le peuplement de l’archipel. L’économie antique et medievale des Comores furent particulierement marquées par l’ordre politique et social tribal (la chefferie) et les apports de la mer (les civilisations bantoue et arabo-islamique). L’archipel des Comores connait l’économie d’échange depuis l’antiquité et celle de change dès le moyen Age, au VIIIème siécle.
La civilisation dembeni ou swahili archaique, période allant du VIIIème au Xième, marquant la civilisation des premiers comoriens, a été ponctuée d’intenses activités humaines. Les populations pratiquaient l’agriculture vivriére, l’ élèvage et la peche. Cependant, en échange du coton qu’ils cultivaient et filaient et du fer qu’ils travaillaient sur place, les habitants recevaient des produits precieux importés du golf persique. Il s’agit entre autre, de verres, de la porcelaine, du bronze, des perles, des marmites de chloritoshistes, etc.
En l’an 945, les comoriens se sont servis de dinars d’or fatimides du Caire alors en usage pendant le grand commerce entre l’océan Indien et la Mediterranée, animé par les fidels du calife Ali Bin Abi Toilib. Les emirs commerçants de l’empire de Kilwa, en compagne de commerce et d’islamisation aux Comores pendant tout le moyen Age (IXème-XIVème siecle) renforceront le pouvoir monétaire de la devise fatimide dans l’archipel.
Du XVè au XVIIIè siecle, c’est l’explosion du commerce aux Comores qui va placer Mutsamudu dans l’Ile d’Anjouan au centre avec son port comme principale ville du commerce dans l’archipel et dans l’Océan Indien. Les raisons qui ont fait la gloire commerciale de Mutsamudu sont d’ordre administrative,sanitaire et de rafraichissement.
Mutsamudu Anjouan - Archives des Comores
Au XVI ème siecle, avec l’arrivée des européens aux Comores, les sultanats « avaient déjà institué le Ndraroidongo vis-à-vis des navires de toute origine qui y abordaient. C’est une taxe fiscale ou taxe de péage qui consistaient à enrichir les sultanats. Ce sont ces taxes,perçues dans les principales villes portuaires et notamment Mutsamudu qui ont fait la gloire materielle de la cité Anjouanaise ». (Damir Ben Ali, entretien à la BCC, 29 janvier 2020).
Les Comores furent un pays riche. La majeure partie du betail qu’on abattait à Zanzibar venait essentiellement de la Grande-Comore,plus precisément de Bangoi-Kuni, au nord de l’Ile. Les populations échangeaient des cabris contre des ustansiles et des papiers, elles achetaient aussi de la monnaie métallique aux étrangers. Ainsi, Mutsamudu demeura le premier centre commercial de la région est-africaine compte tenue de son activité commercial intense.
A travers ce bouillonnement commercial, pénètrent dans l’archipel les monnaies des puissances maritimes d’occident : réal, piastre-8 réaux-Charles IV d’Espagne (XVè-XIXè siècle), période durant laquelle naitra le riali comorien. Ensuite, la Thaler, une pièce de monnaie Autrichienne, utilisée dans le commerce international depuis sa prémière frappe(1741) à l’effigie de l’archiduchesse d’Autriche et reine de Hongrie, Marie Thèrese Ire(1740-1780).
Au XIXè-XXè siècle circula la piastre républicaine, Amerique Latine, la roupie indienne et la monnaie française : 5 f Napoléon Ier, 5 f Charles X,5 f Louis-Philippe d’Orléans, 5 f IIè et IIIè République française, 5 f Napoléon III, 5 f Union Latine, 5 f IVè République, etc.
En 1890, le sultan Thibé de la Grande-Comore, Said Ali Bin Said Omar, émet une monnaie nationale comorienne, le Bwankanga, à la monnaie de Paris. Il s’agit d’une pièce en cuivre de 5 et 10 centimes (auteur : Auguste Patey) et une pièce en argent de 5 franc (auteur : Jean Lagrange) qui circulèrent uniquement à la Grande-Comore.
Avec l’émission de la monnaie aux Comores, le sultan Said Ali veux se servir de la réorganisation de la frappe monétaire pour établir une unité térritoriale et identitaire comorienne. Après avoir vaincu le sultan de Mbadjini et éliminé celui de l’Itsandra, il affirme son pouvoir sur l’ensemble de l’Ile Ngazidja. En 1904, ià l’effondrement de son rêve lors du rattachement juridique de l’archipel à la puissance coloniale française et au remplacement de sa monnaie par le franc de France.
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